Le monde de la finance internationale est un réseau complexe où des sommes colossales se déplacent quotidiennement à travers les frontières. Imaginez un afflux soudain d'investissements massifs vers un pays émergent, promettant croissance et développement économique. Ou, à l'inverse, la panique qui s'empare des marchés face à une crise politique, entraînant une fuite massive de capitaux et destabilisant l'économie locale. Ces mouvements, que l'on appelle flux de capitaux, sont au cœur de l'économie mondiale et influencent la stabilité financière des nations. Comprendre ces dynamiques est crucial pour les investisseurs, les décideurs politiques et toute personne intéressée par le fonctionnement de l'économie globale.

Mais comment ces transferts d'actifs financiers, qui représentent des milliards de dollars en flux financiers internationaux, se réalisent-ils concrètement ? Comment les investisseurs parviennent-ils à déplacer d'aussi grandes sommes d'argent à travers le monde, contournant parfois les réglementations et profitant des opportunités offertes par la mondialisation financière ?

Les différents canaux de flux de capitaux

Les flux de capitaux empruntent divers chemins pour traverser les frontières. Des investissements directs dans des entreprises à l'étranger, représentant une part significative des IDE mondiaux, aux achats d'actions sur les marchés financiers, en passant par les prêts accordés par des institutions internationales, chaque canal a ses propres caractéristiques, acteurs et implications pour la finance internationale. Comprendre ces canaux est essentiel pour analyser l'impact des flux financiers sur l'économie globale.

Investissement direct etranger (IDE)

L'Investissement Direct Etranger (IDE) se manifeste par l'acquisition d'une participation significative, généralement supérieure à 10%, dans une entreprise située dans un pays étranger. Il peut s'agir de la création d'une filiale, de l'achat d'une participation majoritaire ou d'une fusion-acquisition transfrontalière. L'IDE implique un contrôle durable et un intérêt à long terme dans l'entreprise étrangère, contribuant ainsi à la croissance économique du pays hôte et au développement de ses capacités productives. En 2023, les IDE mondiaux ont atteint environ 1.37 billions de dollars.

Parmi les principaux acteurs impliqués dans l'IDE, on trouve les multinationales, à la recherche de nouveaux marchés pour augmenter leurs parts de marché, de coûts de production plus faibles, notamment en Asie du Sud-Est, ou d'un accès à des ressources naturelles, comme le pétrole ou les minerais. Les fonds souverains, instruments d'investissement des États, participent également activement, cherchant à diversifier leurs actifs et à obtenir des rendements à long terme, tout comme les investisseurs privés qui cherchent à diversifier leur portefeuille et à profiter des opportunités de croissance à l'étranger. Le transfert des fonds s'opère via le financement propre de l'entreprise, l'obtention d'emprunts internationaux auprès d'institutions financières ou le réinvestissement des bénéfices générés par l'investissement, contribuant ainsi à la stabilité des flux financiers.

Un exemple concret d'IDE est l'investissement massif de Foxconn, le géant taïwanais de l'électronique, en Inde. L'entreprise a investi des milliards de dollars dans la construction d'usines de fabrication d'iPhones, attirée par le marché indien en pleine expansion, qui compte plus d'1.4 milliards de consommateurs, et la main-d'œuvre à moindre coût. Cet investissement a non seulement créé des emplois en Inde, mais a également contribué au développement de l'écosystème technologique local et à la formation de compétences. Selon les estimations, Foxconn a investi près de 10 milliards de dollars dans la région, créant des dizaines de milliers d'emplois directs et indirects.

Investissement de portefeuille

Contrairement à l'IDE, l'investissement de portefeuille concerne l'achat d'actifs financiers, tels que des actions, des obligations ou des parts de fonds communs de placement, sur les marchés étrangers. L'objectif principal est généralement de réaliser un profit à court terme, en profitant des fluctuations des marchés, sans nécessairement exercer un contrôle sur l'entreprise émettrice. Ces investissements contribuent à la liquidité des marchés financiers, mais peuvent également être une source de volatilité.

Les investisseurs de portefeuille sont divers :

  • Fonds de pension: gèrent l'épargne retraite de millions de personnes et cherchent des rendements stables à long terme.
  • Fonds spéculatifs (hedge funds): adoptent des stratégies d'investissement plus agressives pour maximiser leurs profits, souvent à court terme.
  • Gestionnaires d'actifs: gèrent les portefeuilles de clients institutionnels et privés, en adaptant leurs stratégies aux objectifs de chaque client.
  • Investisseurs individuels: cherchent à diversifier leurs placements et à profiter des opportunités offertes par les marchés étrangers.
Ces investisseurs utilisent des plateformes de trading en ligne pour effectuer leurs transactions, des chambres de compensation internationales pour garantir le règlement des opérations et des banques dépositaires pour la conservation des titres, facilitant ainsi les flux financiers internationaux.

Un exemple de flux d'investissement de portefeuille est l'afflux d'investissements obligataires vers l'Italie pendant la crise de la dette souveraine en 2011-2012. Les investisseurs, à la recherche de rendements plus élevés que ceux offerts par les obligations allemandes ou américaines, ont massivement acheté des obligations d'État italiennes, malgré les risques liés à la situation économique du pays. Cependant, ces afflux peuvent être volatils et se transformer rapidement en fuites massives en cas de détérioration de la confiance. En 2012, les investissements étrangers représentaient environ 35% de la dette italienne, un chiffre qui a fluctué considérablement depuis, reflétant la sensibilité des investissements de portefeuille aux perceptions du risque.

Prêts et emprunts transfrontaliers

Les prêts et emprunts transfrontaliers constituent un autre canal important de flux de capitaux, permettant aux entreprises et aux gouvernements d'accéder à des financements internationaux. Ils comprennent les prêts syndiqués, accordés par un groupe de banques à une entreprise ou à un gouvernement, les obligations d'entreprises internationales, émises sur les marchés financiers mondiaux, et les prêts bilatéraux entre gouvernements, souvent utilisés pour financer des projets de développement ou des infrastructures.

Les banques internationales, telles que JP Morgan Chase ou BNP Paribas, les institutions financières multilatérales, telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), qui offrent des financements aux pays en développement, et les gouvernements sont les principaux acteurs de ce type de flux. Les transferts de fonds sont facilités par les systèmes de paiement internationaux, comme SWIFT, et les accords de crédit entre les institutions financières. Les prêts transfrontaliers permettent aux entreprises et aux gouvernements d'accéder à des financements qu'ils ne pourraient pas obtenir sur leurs marchés nationaux, stimulant ainsi l'investissement et la croissance économique. Les prêts syndiqués représentent environ 20% des flux de capitaux vers les pays en développement, soulignant leur importance dans le financement du développement.

Le rôle des prêts de la Chine dans le financement d'infrastructures en Afrique est un exemple significatif de prêts transfrontaliers. La Chine a accordé des prêts considérables à de nombreux pays africains pour la construction de routes, de ports et de chemins de fer, contribuant ainsi à leur développement économique et facilitant le commerce. Cependant, ces prêts ont également suscité des inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette et à l'influence croissante de la Chine sur le continent. En 2020, la dette africaine envers la Chine s'élevait à plus de 140 milliards de dollars, représentant une part significative de la dette extérieure de nombreux pays africains.

  • Routes
  • Ports
  • Chemins de fer

Manipulation des échanges commerciaux

Un canal moins visible, mais potentiellement significatif, de flux de capitaux est la manipulation des échanges commerciaux, également connue sous le nom de facturation commerciale abusive. Cette pratique consiste à utiliser la facturation des importations et des exportations pour transférer illégalement des fonds à travers les frontières, en déclarant des prix différents de ceux réellement pratiqués.

Les mécanismes de manipulation incluent la surestimation des importations, qui permet de sortir des fonds du pays, et la sous-estimation des exportations, qui permet de dissimuler des revenus à l'étranger et d'échapper à l'impôt. Les entreprises multinationales et les réseaux criminels sont souvent impliqués dans ces pratiques, utilisant des sociétés écrans basées dans des paradis fiscaux pour dissimuler leurs opérations et contourner les réglementations. La facturation commerciale est une technique largement utilisée pour le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale, privant les États de recettes fiscales essentielles. Les estimations suggèrent que la manipulation des échanges commerciaux représente 5 à 10 % du commerce mondial, soit des centaines de milliards de dollars par an.

Les Panama Papers, une fuite massive de documents confidentiels, ont révélé l'ampleur de la facturation commerciale abusive, mettant en lumière comment des entreprises et des individus fortunés utilisaient des sociétés offshore pour échapper à l'impôt et dissimuler des actifs. Cette pratique prive les États de recettes fiscales essentielles, qui pourraient être utilisées pour financer des services publics ou réduire la dette, et contribue à la corruption et à l'inégalité des revenus. Selon Global Financial Integrity, la facturation commerciale abusive coûte aux pays en développement des centaines de milliards de dollars chaque année, entravant leur développement économique.

Crypto-monnaies et finance décentralisée

L'essor des crypto-monnaies et de la finance décentralisée (DeFi) offre un nouveau canal, encore émergent et en pleine expansion, pour les flux de capitaux. Les crypto-monnaies, telles que le Bitcoin ou l'Ethereum, permettent de transférer des fonds directement entre les parties, sans passer par les institutions financières traditionnelles, contournant ainsi les réglementations et les contrôles de capitaux et offrant une alternative aux systèmes financiers traditionnels.

Les investisseurs en crypto-monnaies, les entreprises de la blockchain et les utilisateurs des plateformes DeFi sont les principaux acteurs de ce nouveau paysage financier. Les transactions peer-to-peer, les stablecoins (crypto-monnaies indexées sur une devise fiduciaire, comme l'USD) et les protocoles de prêt décentralisés facilitent les transferts de fonds transfrontaliers. Les crypto-monnaies peuvent être utilisées pour fuir les contrôles de capitaux dans les pays où les gouvernements limitent les mouvements de fonds, offrant ainsi une alternative aux circuits financiers traditionnels et permettant aux individus de protéger leurs actifs. Le marché mondial des crypto-monnaies dépasse les 2 billions de dollars en 2024, témoignant de son importance croissante.

  • Bitcoin
  • Ethereum
  • Stablecoins

Cependant, l'utilisation des crypto-monnaies pour les flux de capitaux soulève également des préoccupations en matière de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme et d'évasion fiscale. Les régulateurs du monde entier cherchent à encadrer ce nouveau marché, afin de prévenir les abus et de protéger les investisseurs, tout en favorisant l'innovation. Certains pays ont déjà interdit ou restreint l'utilisation des crypto-monnaies, tandis que d'autres explorent la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), reconnaissant le potentiel de ces technologies. On estime que près de 100 milliards de dollars en crypto-monnaies sont utilisés à des fins illicites chaque année, soulignant la nécessité d'une réglementation efficace.

Facteurs influençant les flux de capitaux

Plusieurs facteurs, à la fois macroéconomiques, institutionnels et politiques, influencent les flux de capitaux. Les investisseurs prennent en compte ces facteurs pour évaluer les risques et les opportunités d'investissement dans différents pays, en analysant les perspectives de croissance, la stabilité politique et le cadre réglementaire.

Facteurs macroéconomiques

Les taux d'intérêt jouent un rôle crucial dans les flux de capitaux. Les pays offrant des taux d'intérêt plus élevés attirent les capitaux, car les investisseurs recherchent des rendements plus importants pour leurs investissements. Inversement, les pays avec des taux d'intérêt bas peuvent voir leurs capitaux fuir vers des destinations plus rentables. Les différentiels de taux d'intérêt entre les pays sont un moteur important des flux de capitaux, influençant les décisions d'investissement des acteurs financiers.

La croissance économique est un autre facteur déterminant. Les pays en forte croissance attirent les investisseurs, car ils offrent de meilleures perspectives de profit et un environnement plus favorable aux affaires. Une économie dynamique et en expansion est perçue comme un environnement favorable à l'investissement, tandis qu'une économie en stagnation ou en récession peut décourager les investisseurs. Les pays en développement affichant une croissance rapide, comme l'Inde ou le Vietnam, attirent des IDE considérables, stimulant leur développement économique.

L'inflation peut éroder la valeur des investissements et inciter à la fuite des capitaux. Une inflation élevée rend les actifs locaux moins attractifs et peut entraîner une dépréciation de la monnaie, réduisant le pouvoir d'achat et la compétitivité. Les investisseurs préfèrent généralement les pays où l'inflation est maîtrisée et où la stabilité des prix est assurée. Les pays avec une inflation supérieure à 10% ont tendance à enregistrer une baisse des investissements étrangers, reflétant la crainte d'une érosion de la valeur de leurs investissements.

La stabilité du taux de change est également essentielle. Un taux de change stable permet aux investisseurs de prévoir plus facilement leurs rendements et de minimiser les risques de change, facilitant les échanges commerciaux et les investissements transfrontaliers. Les pays avec des taux de change flottants peuvent être plus vulnérables aux fluctuations des flux de capitaux, car les investisseurs craignent une dépréciation de la monnaie, qui réduirait la valeur de leurs investissements. Les pays qui arriment leur monnaie au dollar américain, par exemple, bénéficient souvent d'une plus grande stabilité des flux de capitaux, en réduisant l'incertitude liée aux fluctuations des taux de change.

Facteurs institutionnels et politiques

La stabilité politique est un prérequis essentiel pour la confiance des investisseurs, car elle réduit l'incertitude et favorise les investissements à long terme. Un environnement politique stable et prévisible permet aux entreprises de planifier leurs opérations et de prendre des décisions d'investissement en toute confiance. Les pays en proie à des conflits, à l'instabilité politique ou à des changements de régime brusques sont généralement évités par les investisseurs, en raison des risques liés à l'incertitude politique.

La qualité de la gouvernance est également déterminante pour attirer les flux de capitaux. La lutte contre la corruption, la protection des droits de propriété et l'efficacité de la justice sont des atouts majeurs, car ils créent un environnement plus transparent et prévisible pour les entreprises. Les investisseurs recherchent des pays où les règles sont claires, transparentes et appliquées de manière impartiale, garantissant ainsi la sécurité de leurs investissements. Les pays avec un indice de perception de la corruption élevé ont tendance à attirer moins d'IDE, soulignant l'importance de la bonne gouvernance.

Des réglementations financières claires et transparentes facilitent les flux de capitaux légaux, en réduisant les coûts de transaction et en augmentant la confiance des investisseurs. Des réglementations excessives ou opaques peuvent décourager les investisseurs et favoriser les activités illégales, entravant le développement des marchés financiers. Un cadre réglementaire moderne et adapté aux réalités du marché est essentiel pour attirer et gérer les flux de capitaux. Les pays qui simplifient les procédures d'investissement et réduisent la bureaucratie ont tendance à attirer plus d'IDE, en facilitant les opérations et en réduisant les coûts.

Les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux favorisent l'IDE en réduisant les barrières commerciales et en facilitant les investissements transfrontaliers, créant ainsi un environnement plus favorable aux entreprises multinationales. Ces accords créent un environnement plus favorable aux entreprises multinationales et encouragent les investissements directs à l'étranger. L'Union Européenne, par exemple, a conclu de nombreux accords commerciaux qui ont stimulé les flux de capitaux entre ses membres et avec des pays tiers, en réduisant les barrières commerciales et en harmonisant les réglementations.

Perception du risque

Le risque pays, évalué par les agences de notation telles que Moody's, Standard & Poor's et Fitch, est un indicateur clé pour les investisseurs. Ces agences évaluent le risque politique, économique et financier d'un pays, attribuant une note qui reflète sa capacité à honorer ses engagements financiers. Les pays avec une note élevée sont considérés comme plus sûrs et attirent davantage d'investissements, tandis que les pays avec une note inférieure à "investment grade" sont considérés comme plus risqués et ont plus de difficultés à attirer des capitaux.

Le sentiment des investisseurs, c'est-à-dire l'optimisme ou le pessimisme général des investisseurs, peut influencer les flux de capitaux. Un sentiment positif peut encourager les investissements, tandis qu'un sentiment négatif peut provoquer des fuites de capitaux, amplifiant les fluctuations des marchés. Le sentiment des investisseurs est influencé par des facteurs économiques, politiques et sociaux, ainsi que par des informations et des rumeurs circulant sur les marchés. Les enquêtes de sentiment auprès des investisseurs sont suivies de près par les analystes, car elles peuvent donner des indications sur les mouvements futurs des capitaux.

Les événements géopolitiques, tels que les conflits, les guerres et les crises politiques, peuvent provoquer des fuites de capitaux. L'incertitude et l'instabilité liées à ces événements incitent les investisseurs à retirer leurs fonds des pays concernés et à les placer dans des actifs plus sûrs, tels que l'or ou les obligations d'État américaines. Les conflits armés ont un impact dévastateur sur les flux de capitaux vers les pays touchés, entravant leur développement économique et exacerbant les crises humanitaires.

  • Conflits
  • Guerres
  • Crises politiques

Innovation technologique

La numérisation des marchés financiers a considérablement facilité les transactions transfrontalières, réduisant les coûts et augmentant la vitesse des flux de capitaux. Les plateformes de trading en ligne et les algorithmes de trading permettent aux investisseurs d'acheter et de vendre des actifs financiers à travers le monde en quelques clics, sans avoir à passer par des intermédiaires traditionnels. La technologie a réduit les coûts de transaction et augmenté la vitesse des flux de capitaux, facilitant l'accès aux marchés financiers pour les investisseurs du monde entier.

L'intelligence artificielle (IA) est utilisée pour analyser les données et prédire les mouvements de capitaux, permettant aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées et d'optimiser leurs stratégies d'investissement. Les algorithmes d'IA peuvent identifier des schémas et des tendances dans les données financières qui seraient difficiles à détecter pour les humains, offrant ainsi un avantage concurrentiel aux investisseurs qui utilisent ces technologies. L'IA permet aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées et d'optimiser leurs stratégies d'investissement, en analysant de grandes quantités de données et en identifiant les opportunités d'investissement.

La blockchain et la DeFi ont le potentiel de transformer les flux de capitaux en les rendant plus rapides, moins chers et plus transparents, en éliminant les intermédiaires et en réduisant les coûts de transaction. La blockchain permet de créer des systèmes de paiement décentralisés et sécurisés, éliminant les intermédiaires et réduisant les coûts de transaction. La DeFi offre des alternatives aux services financiers traditionnels, tels que les prêts et les échanges, permettant aux investisseurs d'accéder à de nouveaux marchés et de diversifier leurs placements, tout en contournant les réglementations traditionnelles.

Conséquences des flux de capitaux

Les flux de capitaux ont des conséquences complexes, à la fois positives et négatives, sur les économies des pays. Il est essentiel de comprendre ces conséquences pour mettre en place des politiques appropriées qui maximisent les bénéfices et minimisent les risques, en favorisant la croissance économique et la stabilité financière.

Impacts positifs

Les flux de capitaux peuvent stimuler l'investissement, la productivité et la création d'emplois, contribuant ainsi à la croissance économique des pays hôtes. Les IDE, en particulier, permettent d'augmenter la capacité de production et de créer des emplois dans les pays hôtes, en transférant des technologies et des compétences. Les investissements de portefeuille peuvent également soutenir la croissance en fournissant des capitaux aux entreprises, leur permettant de financer leurs projets d'expansion et d'innovation.

Les IDE permettent de transférer des technologies et des compétences vers les pays en développement, contribuant ainsi à améliorer leur compétitivité et à stimuler leur développement économique. Les entreprises multinationales apportent avec elles des technologies de pointe, des méthodes de gestion modernes et un savoir-faire technique, contribuant ainsi à améliorer la compétitivité des économies locales. Le transfert de technologie est un moteur important du développement économique, permettant aux pays en développement de rattraper leur retard sur les pays développés.

Les flux de capitaux peuvent améliorer l'efficience et la liquidité des marchés financiers locaux, en augmentant les volumes de transaction et en réduisant les coûts de financement. L'arrivée d'investisseurs étrangers peut dynamiser les marchés boursiers et obligataires, en augmentant les volumes de transaction et en réduisant les coûts de financement. Des marchés financiers plus développés facilitent l'allocation du capital et favorisent la croissance économique, en permettant aux entreprises d'accéder plus facilement aux financements dont elles ont besoin.

Impacts négatifs

Les flux de capitaux peuvent être imprévisibles et provoquer des crises financières. Les afflux massifs de capitaux peuvent entraîner une surévaluation de la monnaie, une augmentation de la dette et une accumulation de risques financiers, rendant les économies plus vulnérables aux chocs extérieurs. Les fuites soudaines de capitaux peuvent provoquer une dépréciation de la monnaie, une crise bancaire et une récession économique, comme cela a été le cas lors de la crise financière asiatique de 1997-1998. La volatilité des flux de capitaux est une source de préoccupation pour les décideurs, qui doivent mettre en place des politiques appropriées pour gérer les risques.

Les afflux massifs de capitaux peuvent alimenter des bulles sur les marchés immobiliers et boursiers, conduisant à une allocation inefficiente du capital et à une augmentation des risques financiers. Les investisseurs, poussés par l'euphorie, peuvent investir massivement dans des actifs dont la valeur est excessive, créant ainsi une bulle spéculative. Lorsque la bulle éclate, les prix des actifs s'effondrent, entraînant des pertes importantes pour les investisseurs et des conséquences néfastes pour l'économie, comme cela a été le cas lors de la crise financière de 2008.

Les fuites de capitaux peuvent provoquer une dévaluation de la monnaie et une crise de change, rendant plus difficile le remboursement de la dette extérieure et augmentant l'inflation. Lorsque les investisseurs perdent confiance dans un pays, ils retirent leurs fonds, ce qui exerce une pression à la baisse sur la monnaie. Une dévaluation de la monnaie peut entraîner une augmentation de l'inflation, une détérioration du commerce extérieur et une crise financière, comme cela a été le cas lors de la crise économique argentine de 2001-2002.

Les bénéfices des flux de capitaux peuvent être mal répartis, exacerbant les inégalités et creusant l'écart entre les riches et les pauvres. Les flux de capitaux ont tendance à profiter davantage aux entreprises et aux individus les plus riches, qui ont plus de facilités à accéder aux financements et à investir. Les politiques publiques doivent veiller à ce que les bénéfices des flux de capitaux soient partagés de manière plus équitable, en mettant en place des mesures fiscales progressives et en investissant dans l'éducation et la santé.

L'importance des politiques macroprudentielles

Les politiques macroprudentielles visent à limiter les risques systémiques liés aux flux de capitaux, en encadrant les mouvements de capitaux et en renforçant la stabilité financière. Elles comprennent des mesures telles que le contrôle des changes, qui limite les mouvements de capitaux, et les limites d'endettement, qui encadrent l'endettement des entreprises et des ménages.

  • Contrôle des changes
  • Limites d'endettement

Les taxes sur les flux de capitaux, telles que la taxe Tobin, peuvent décourager les flux spéculatifs à court terme et stabiliser les marchés financiers, en rendant plus coûteux les transactions à court terme. Les réserves obligatoires pour les banques, qui obligent les banques à détenir une certaine quantité de réserves auprès de la banque centrale, peuvent limiter leur capacité à accorder des prêts et à alimenter des bulles spéculatives, en réduisant la quantité de crédit disponible. Les ratios de fonds propres, qui exigent que les banques disposent d'un certain niveau de capital propre par rapport à leurs actifs, renforcent leur solidité financière et les rendent moins vulnérables aux chocs, en leur permettant de mieux absorber les pertes.

L'efficacité des politiques macroprudentielles est un sujet de débat parmi les économistes. Certains estiment qu'elles peuvent être efficaces pour stabiliser les marchés financiers et prévenir les crises, tandis que d'autres mettent en doute leur efficacité et soulignent leurs coûts potentiels, tels que la réduction des flux de capitaux et la distorsion des marchés. Il est essentiel d'adapter les politiques macroprudentielles aux spécificités de chaque pays et de les évaluer régulièrement, en tenant compte des avantages et des inconvénients de chaque mesure.

En conclusion, les flux de capitaux sont un élément essentiel de l'économie mondiale, mais leur gestion présente des défis considérables pour les décideurs politiques et les institutions financières. Les décideurs doivent trouver un équilibre entre les avantages des flux de capitaux, tels que la croissance économique et le transfert de technologie, et leurs risques, tels que la volatilité financière et les crises. Une coopération internationale renforcée et des politiques macroprudentielles efficaces sont essentielles pour maximiser les bénéfices des flux de capitaux et minimiser leurs conséquences négatives. La surveillance des flux de capitaux est de plus en plus sophistiquée, avec des institutions comme le FMI qui jouent un rôle central dans la collecte et l'analyse des données, afin d'anticiper les crises et de promouvoir la stabilité financière.